« Cessons de démotiver les élèves « 

« Cessons de démotiver les élèves  » : c’est l’ambition que se donne Daniel Favre dans son livre intitulé Cessons de démotiver les élèves, 20 clés pour favoriser l’apprentissage (Dunod, 3ème édition, 2000).

En s’adressant principalement aux enseignants, l’auteur, professeur honoraire en sciences de l’éducation, y décrypte les ressorts de la motivation afin d’en dégager des « clés », des propositions d’accompagnement des élèves qui encourageraient leur motivation.

Daniel Favre met, entre autre, en lumière les trois systèmes de motivation qui peuvent animer un élève. Les deux premiers systèmes sont complémentaires et sont tous les deux sollicités dans les phases d’apprentissage.

Ainsi, la « motivation de sécurisation » correspond à la réalisation de tâches connues et maîtrisées : la satisfaction ou la frustration venant d’une personne extérieure. C’est, par exemple, la motivation du petit enfant qui, en grandissant, est censée laisser de plus en plus place à la « motivation d’innovation ». Celle-ci se déclenche face à un apprentissage nouveau, lorsqu’il faut surmonter des difficultés, innover, pour, au final, « accroître son autonomie ». L’évaluation de la satisfaction ou de la frustration obtenue se fait en interne, sans besoin de référent extérieur. « Ces deux motivations sont indispensables : c’est lorsque l’élève se sent en sécurité qu’il peut prendre le risque d’apprendre  » et donc passer du premier système au second système de motivation (page 46). Le troisième système de motivation est dit « motivation d’addiction » : la personne se maintient dans une dépendance par rapport à un référent externe  et à des croyances extérieures, « des programmes étrangers » du type « je suis nul en maths ».

La suite de l’ouvrage expose plusieurs pistes pour repérer ce qui pourrait contribuer à maintenir les élèves dans cette motivation d’addiction, pour encourager les deux premiers systèmes de motivation et enrayer le troisième système.

L’auteur insiste également sur le lien entre émotions et apprentissages, les deux ne pouvant être séparées. A ce sujet, il explique notamment la nécessité de prendre en compte le « temps de déstabilisation », ce temps où l’élève, face à un nouvel apprentissage, est sorti de sa zone de confort. « Pendant ce temps de déstabilisation, le contrôle ou l’activité de l’enseignant visant à comptabiliser les inévitables erreurs de l’élève et baisser sa note devraient être évitées » (page 45) afin d’éviter d’ajouter une peur de l’échec voire un échec au cours de cette période déjà chargée émotivement.

D’autres « clés » sont abordées, comme l’utilité de « muscler l’attention » de nos élèves, ou l’opportunité d’une feuille de route pour leur permettre de s’auto-évaluer dans leurs objectifs à atteindre.

Nous recommandons la lecture de cet ouvrage, très pratique et didactique, aux enseignants.